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DISSERTAZIONI DI DOTTORATO
2003-2004

LEPROUX Alexis

Un discours de Sagesse (Sg 7–8)

Mod.: Prof. Maurice GILBERT

Le discours du Sage en Sg 7–8, mieux connu par l’une de ses parties, l’éloge de la Sagesse, recèle un trésor de jeux littéraires et d’ambivalences verbales. Les allusions à l’univers culturel des écoles de rhétorique qui feront la gloire de la Seconde Sophistique et la grandeur des Pères de l’Église, aussi nombreuses qu’il y a de mots pour le dire, obligent donc le lecteur à prêter l’oreille aux Muses qui, n’interrompant jamais leur hymne à la gloire des dieux et des hommes, hantent la mémoire collective d’une époque. La vigueur de l’expression, l’audace des images, l’ampleur du dialogue établi entre la descendance héroïque d’Homère et la sainte postérité de Moïse, le vis-à-vis du Sage et de la Sagesse, tout concourt à faire de ce discours une épiphanie de l’homme, de l’homme mortel et du maître éloquent, de l’amant de la Sagesse et du seigneur dont la force est le signe même de son immortalité espérée.

Certes, l’empreinte de la Sagesse est au centre du discours, mais la vie du Sage en marque plus fortement les contours. Car s’il faut louer Celle qui inaugure toutes choses, il ne faut pas moins louer Celui qui l’a choisie. Et l’éloge serait bien futile s’il n’était chargé de cette visée sublime, me persuader de demander la Sagesse, me presser de devenir un Sage. L’enjeu ne se réduit donc pas à une simple question de mots, à moins que les mots ne soient précisément le lieu d’une décision. Il conviendra donc de ne pas s’étonner de découvrir un homme façonné par le souffle oratoire de son éducation, un homme guidant les rois sur le chemin de la paix et de la joie.

La leçon est claire. Le discours de Sagesse n’est pas un souffle égaré au gré des vents, vanité évanescente sans autre portée que celle de montrer une fois encore la vanité de toute chose. Non, le discours, en sa structure précise, en son architecture secrète, en son déploiement méthodique, qui conduit des qualités natives à la gloire future, par le truchement de l’éducation et de l’amitié, reçoit ses lettres de noblesse. La surprise de découvrir un tel livre rangé dans une lignée d’orateurs qui parleraient pour ne rien dire cède ainsi la place au désir d’entendre une nouvelle fois cette joute oratoire pour reconnaître, dans la descendance davidique, l’heureuse alternative au destin oedipien.