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DISSERTAZIONI DI DOTTORATO
2008-09

LARROQUE Laurent

Mt 18,21-35. La parabole du serviteur impitoyable dans le contexte de Matthieu

Mod.: Prof. Klemens STOCK

La parabole du serviteur impitoyable méritait une explication détaillée et unifiée, que, étonnamment, elle ne possédait pas, malgré l’apparente simplicité de ce drame en trois actes. Elle appartient bien au genre réaliste des paraboles de Jésus, même si elle ne s’aligne pas sociologiquement avec les autres paraboles. Singulière, elle est aussi séculière: le véritable contexte est hellénistique et non biblique. Dans le cadre d’une cour royale hellénistique, tous les éléments trouvent leur juste place, sans leur donner d’emblée un sens théologique, même pour l’adoration, la rémission, la pitié. Les 10 000 talents ne jouent pas contre le réalisme de l’image prise, mais contre le réalisme de l’application directe aux auditeurs, afin de faire fonctionner le masque temporaire de leur identification.
    Le véritable sens de la parabole est donné par le contexte immédiat, où Jésus fait évoluer la question de Pierre (v.21: quelles limites au pardon?) en une autre question (sous-entendue): pourquoi un pardon illimité?, et en répondant par une inversion de la question de Pierre: il ne s’agit pas de savoir jusqu’où aller dans le pardon, mais de se rendre compte que si on ne pardonne pas, sans limite, on devient soi-même pécheur. Le véritable destinataire est le responsable d’Eglise, dont Pierre est le prototype. Cela confirme l’organisation bipartite du discours communautaire: les bergers par rapport aux petits sont aussi les administrateurs du Royaume des Cieux par rapport aux frères.
    Eviter de focaliser sur ce qui n’est pas paradoxal permet de focaliser sur le paradoxe de la miséricorde s’affirmant comme la seule vraie justice: "ne devais-tu pas faire miséricorde parce que tu l’avais reçue ?" (v.33). Le jugement n’est pas principalement le reproche de n’avoir pas fait miséricorde, mais de ne pas l’avoir d’abord reçue. Dieu ne revient pas sur un pardon donné, c’est l’homme qui n’a pas fait l’expérience de la miséricorde en ne se reconnaissant pas pécheur pardonné, ce qui laisse le cœur dur et rend le péché irrémissible.
    Le responsable d’Eglise, ministre de la miséricorde (Mt 18,18), doit plus que tout autre vivre comme un pécheur pardonné.